Your mouth was made to suck my kiss { Kitten

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9 heures, 46 minutes, 5 secondes, 6 secondes, 7 secondes ...

Abel ouvrit en quelques secondes ses fines paupières. Il se releva et se mit à bailler longuement en se frottant mollement les yeux, le regard perdu dans le vague. Le jeune homme regarda à droite, puis à gauche, avant d'être prit d'un fort mal de tête. le brun gémit alors en douleur, en apposant sa main gauche sur son front. Quelques images de la soirée précédente lui revinrent en mémoire, tout comme le joli garçon allongé sur le ventre juste à côté du russe. Ce dernier ouvrit ses beaux yeux noirs et sourit à Evgeni. Pour ne pas mentir il était ravissant. Son torse était finement musclé, pas trop, plutôt maigre d'ailleurs, mais cela faisait son charme. L'amant possédait quelques traits asiatiques, notamment ses yeux, légèrement bridés et d'un noir profond comme la nuit. Et son sourire devait être uns des plus jolis qu'Abel avait pu voir, pourtant, il ne lui rendit pas. Cependant, le russe caressa son visage avec douceur. C'était la moindre des choses. Abel se sachant violent étant bourré et ce pauvre gars avait dû en prendre pour ses fesses. Le brun n'était pas quelqu'un de gentil, encore moins compatissant, la raison devait être qu'il ne voulait pas que ce charmant jeune homme se souvienne de lui de cette manière. l'adolescent soupira et s'alluma une cigarette, la fumant tranquillement en modérant les bouffées de nicotine qu'il tirait dessus. Le brun se leva et marcha tranquillement vers la salle de bain, faisant signe au bel inconnu de se rendormir, ce dernier s'exécutant sans attendre une minute. Abel se plaça sous le doux jet en soupirant. Sa peau blanchâtre, rougie par la chaleur, était parsemée de gouttes plus ou moins gorgées d'eau, mélangée à du savon. Peu à peu, sa migraine disparue. Il n'avait plus mal. Evgeni se sentait juste bien maintenant. Son corps souillé était désormais, en apparence, lavé de tout ce qui pourrait être retenu contre lui. Sueur, sang, et autres liquides qui rendent son corps haïssable, sale, dégoûtant. Et Abel n'aimait pas ces sensations, étant déjà bien trop sale aux endroits où il est impossible de retirer la crasse tant elle s'est incrustée, cette reine qui s'y croit bien trop. Peu à peu, elle bouche les passages qui mènent à son cœur. Et elle sait se parer de valets. Ces drogues si douces pour son âme, mais si dures pour son corps et la saleté sait où les envoyer, ces traîtres, ces imposteurs, aux endroits où ça fait le plus de mal. Elle sait y faire c'est sûr, et personne ne peut aller contre sa volonté car face à elle, t'es rien. Rien. Evgeni grimaça. L'impuissance l'effrayait. l'empêchait d'agir et le privait de mouvement. Il devenait désormais une belle petite chose fragile, qui ne reçoit pourtant aucun soin, car enfermée dans une boîte rouillée, dévorée par les insectes, qui pourfendaient peu à peu, de leurs pinces agressives, le bois qui protège son âme de porcelaine. Ses yeux ne trouvèrent pas d'endroit à se poser autre que son corps, le parcourant avec la plus grande attention, cherchant avec le plus grand soin les souillures plus malignes qui se seraient cachées. Abel ne les aimait pas celles-là. Ce sont les plus viles. Celles qui ressortent quand ce n'est pas le moment. Les saletés que personne n'a envie de voir et qui déforme même les plus jolis visages à leur vue. Mais Evgeni savait comment les traquer, comment les faire sortir de leur cache.

Sa douche était terminée. Les avait-il toutes eu ? C'était la question qui revenait dans son esprit embrouillé, à chaque fois qu'il revêtait un de ses vêtements. Où aller désormais ? Un endroit de débauche lui semblait être le lieu idéal. Pour se salir encore et encore. Mais le russe aimait être sale. Pour se sentir ensuite fier d'être enfin propre, enfin pur, pour ensuite refaire l'amour de trente seconde. Le russe chantonna doucement la chanson avant de partir de chez son amant d'une nuit, ce dernier s'étant déjà rendormi, arrachant un léger sourire à la personne froide qu'est Abel. Sa main se posa sur la poignée de la porte et la tourna sans grande conviction, fixant l'objet. Décidément ! Son esprit se perdait de plus en plus rapidement ces temps-ci, la fatigue accumulée devant y être pour quelque chose. Soudain, une fois la porte fermée, Evgeni perdit l'équilibre, prit d'un autre violent mal de tête. Le brun tomba à genoux par terre en se tenant le front râlant de douleur. Sa migraine n'était donc certainement pas due à sa gueule de bois, le brun aurait dû s'en douter. Tout tremblant, l'adolescent sortit tant bien que mal des cachets de sa poche, les retira de son emballage et en avala deux sans aucune eau, fronçant les sourcils. Le médicament, n'ayant rien pour aider à passer, raclait sa gorge avec méchanceté. L'adolescent resta là quelques secondes, à quatre pattes, transpirant à grandes gouttes, tétanisé par la terreur. Le jeune homme serra les dents et, en un effort surhumain, se releva tant bien que mal, accentuant ses plaintes une fois sur ses jambes. Ces dernières tremblaient. Leur propriétaire ayant du mal à tenir la distance. Puis sa douleur s'envola, laissant derrière elle un cœur blessé et encrassé battant à cent à l'heure et un homme, d'habitude si froid, qui se maitrisait tellement, terrorisé, apeuré, comme un pauvre agneau, sur qui le loup peut fondre à tout moment, arrêtant sa vie si misérable en un coup de crocs dans les tréfonds de sa gorge auparavant toute blanche, qui s'emplira par la suite de sang chaud, la lumière s'éteignant dans ses yeux, lesquels ne luiront plus jamais. Abel redoutait tellement cet instant où l'on viendrait le prendre lui aussi. Tant qu'il en avait la nausée. Qui sait quand le rapace fondra sur lui, pauvre rongeur au fond tellement inoffensif. Son cœur lui faisait mal parce que lui aussi avait fait quelque chose de vilain à quelqu'un de si pur autrefois, que chaque jour était un supplice, une punition. Lui ne le ressentait pas ainsi, se fichant de toute cette merde. Mais au fond de lui, tout cela était clair comme de l'eau de roche. C'était justement sa fierté et son envie de vivre qui lui permettaient de ne pas tomber dans le désespoir le plus profond. Il ferma les yeux quelques secondes. La douleur semblait partir. Ouf. Le russe inspira et expira, détendant peu à peu ses muscles auparavant tellement crispés. Le jeune homme partit alors de l'hôtel, le regard bas, le corps fatigué.

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Le soir, 22 heures, 30 minutes, 59 secondes; 22 heures, 31 minutes, 1 seconde, 2 secondes, 3 secondes ...

Abel était dans une boîte de nuit, comme il l'avait prévu auparavant, quelques secondes avant son malaise. Mais le brun n'y songeait déjà plus. Sa capacité à couler si vite sur ce genre de choses devait être une de ses seules qualités ! Quoique, cela dépend des avis, car ce n'est pas un atout pour tout le monde. Evgeni était assit au bar, et buvait quelque alcool fort. Puis une demoiselle blonde attira son attention. Tiens, tiens ... Sa jolie proie était assise à quelques mètres de lui. Sans aucune hésitation, Abel se leva et vint l'aborder, en lui lançant un sourire ravageur de son cru. Faux, bien évidemment.

-'' Bien le bonjour, chère demoiselle, je vous offre un verre ? ''

Le russe lui fit un baise main des plus aguicheur en s'asseyant à côté d'elle.

Abel, pour le moment seul au comptoir se laissait emporter par la musique, les lumières colorées qui allaient et venaient, changeant à leur rythme la couleur de sa peau, qui virait tantôt au bleu, tantôt au rouge. L'alcool lui embrumait peu à peu l'esprit, à chaque gorgée du doux et frais liquide qui coulait dans sa gorge. Le russe jeta un coup d'oeil au serveur. Han, mignon. Si il ne trouvait pas de conquêtes à mettre dans son lit ce soir, Evgeni draguera volontiers ce beau jeune homme. Un rictus pervers quasi invisible se dessina sur son visage d'habitude inexpressif. Le jeune sirotait tranquillement son verre, en lançant des regards significatifs à l'homme, qui avait l'air de bien les recevoir. Cool, un gay de plus. Ce n'était pas quelque chose de marginal aux Etats-Unis apparement, contrairement à sa Russie natale. Quoiqu'il était encore un enfant à l'époque, le brun se baisait juste sur des vieux souvenirs. la situation avait dû évoluer depuis le temps. Evgeni s'en fichait en fait, il ignorait d'ailleurs pourquoi il y pensait. Son esprit partai facilement à la dérive, s'éloignant de son glacier, vers d'autres îles plus chaudes. Et cela l'inquiètait. Abel ne voulait pas changer, car le changement l'effrayait. Et là où ça bloquait, c'est qu'il ne s'avouera jamais qu'il a peur de quelque chose et le russe avait décidé de renier toute peur, mais ça ne signifie pas qu'elle n'existe pas. L'adolescent se secoua la tête de droite à gauche. Pourquoi trouvait-il toujours le moyen de se torturer l'esprit ainsi ? Ne penser qu'à se bourrer était son but à l'origine et il allait mettre cette pensée en pratique. Il fit de nouveau signe au barman de lui apporter un autre verre, un bourbon cette fois. Cette boisson dure le rendait rapidement ivre, lui inspirant comme un sentiment de faiblesse, mais cela lui faisait du bien d'être un peu dominé de temps à autres, lui qui était si fier, et viril même avec ses traits androgynes. Le jeune homme s'affirmait sans aucun complexes et de telles boissons le rabaissaient un peu car le russe ne pouvait s'empêcher de plisser les yeux à chaques gorgées. A la fin de son verre de liquide cuivré, Evgeni tourna les yeux vers la jolie blonde assise au bar.

Sa proie, l'objet ephémère de ses désirs, la personne qu'il veut acquérir. Elle. Une petite blondinette très mignonne et surtout prise comme a pu le remarquer Abel. Et cela la rendait encore plus désirable et excitante. Avant de venir la voir, le russe attendit quelques instants, la fixant de manière hautaine. C'était une femme après tout. Elle lui avait résisté jusqu'ici mais ça ne durera pas, ce soir, elle ne serait rien qu'à lui, pour toute la nuit, mais sûrement pas pour la vie ! Il se leva doucement et s'approcha d'elle à pas de loup. Tout bruit était inaudible de toute façon, le son de la musique étant poussé au maximum. Il tira la tabouret et se plaça à côté d'elle, en lui envoya un faux sourire à tomber par terre. C'était son truc à Abel, les sourires forcés qui font s'écrouler les filles un peu trop naïves. Son pouvoir de manipulation sur la femmes était assez impressionant. Sur les hommes beaucoup moins, car Evgeni avait bien plus de respect envers ces derniers. Evgeni avait été élevé dans la pensée que les femmes étaient inférieures et cela s'était malgré lui ancré dans ses actions, sans même qu'il s'en aperçoive des fois. Mais aujourd'hui, le brun jouait la carte du faux-cul et assurait son jeu de gentleman à la perfection. La demoiselle ayant visiblement l'air emballée. L'adolescent interpella de nouveau le serveur et commanda deux cocktails qu'il savait les meilleurs de la boîte -étant un habitué-. Il commença à le boire et se leva.

-" Vous voulez danser jeune demoiselle ? "

En prenant un faux ton d'aristocrate, accompagnant sa phrase d'un petit clin d'oeil.